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Texte : ©Annie Robert

Photos ©Fatiha Berrak

Marciac (France)

Royal

Que ce fut une douce soirée. !
Non pas douce au sens de lénifiante, ou de légèrement ennuyeuse mais douce au sens humaniste. Une de ces soirées qui fait du bien aux âmes et aux cœurs. On en ressort meilleur, plus apaisé et plus tonique aussi.
Ayo arrive sur scène, longue, très longue brindille cachée sous un grand chapeau, les pieds nus. Elle semble d’une immense fragilité et d’une timidité tout aussi immense. Un souffle pourrait l’emporter comme une plume en haut d’un chapiteau.
Mais lorsque la voix s’élève, on oublie tout ceci. Elle est puissante, lègèrement voilée et le discours  ne souffre d’aucune facilité. Ce concert commence par une jolie guitare mélancolique puis le quartet se met en route et le groove s’élance. Il sera présent tout le temps quelque soit la coloration de la chanson. Ayo s’est débarrassée de sa guitare pour mettre son chant en avant plus que d’habitude dans ses premiers morceaux. 
Alors, on découvre des chansons nouvelles bourrées d’ondes positives (Ocean ou Fix me up)  qui agissent comme un baume réconfortant. Et toujours  des colorations mélangées, dans un style folk, soul, fortement coloré de reggae. Sans doute qu’avec le nouvel album qu’elle nous présente ce soir « Royal » la chanteuse allemande d’origine nigériane revient  non seulement avec l’inspiration qu’on lui connaît, en quête de sérénité dans un monde trop cruel et déroule ses grands succès (Down On My Knees)  mais également avec de la musique comme arme de défense et de transformation.
Ayo est combative. Les thèmes abordés sont importants et parlent à tous : être soi même, être libre, solidaire et heureux ensemble. La femme qu’elle est à présent le ressent avec intensité et nous le fait partager. Pas simple d’être noir, d’être femme, d’être réfugié, d’être seul.

Et puis s’il y a bien une artiste unanimement reconnue pour sa générosité en concert, c’est elle.
Elle échange en français avec les spectateurs, un bon français d’ailleurs. Elle raconte ses chansons parfois à en être émue aux larmes comme avec « Rosie Blues »

Certains morceaux jouent la carte de l’épure, à peine soutenu par une contrebasse jazz et une cymbale effleurée du bout des baguettes. D’autres sont des appels déchirants. D’autres encore des moments de joie pure. La touchante Ayo nous entraîne dans des ballades au grès de ses humeurs et des ses réflexions  pleines d’optimisme et de courage, parenthèses d’autant plus tendres que les temps sont durs. On s’y attardent avec bonheur.

La reprise de « Né quelque part », peinte de reggae est remarquable de sobriété et Maxime Leforestier ne peut qu’en être fier. Nous on en est tout bouleversifié !!

Autour d’elle un  quartet d’une qualité magnifique, à son écoute, mais capable aussi de solos incendiaires et d’une belle fougue : Matthis Pascaud à la guitare, Gael Rakotondrabe au piano, Laurent Vernerey à la contrebasse, Raphaël Chassin à la batterie apportent de vague de jazz qui nous aspergent. Un final tonitruant et endiablé !!

Une douce soirée, bien, bien douce soirée.