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Texte : ©Annie Robert

Photos ©Thierry Dubuc : http://thierrydubucphotographe.zenfolio.com

Marciac (France)

Avec James Blunt, c’est une autre musique qui se fait entendre, plus rock, plus âpre, davantage ancrée dans le réel. Une musique qui touche directement les os et les muscles, le cœur et les entrailles, celle qui fait danser mais pleurer aussi. Du folk protestaire bien musclé par moment.
Une autre tenue également : tee shirt, jean, baskets pour une proximité du quotidien qui nous parle fort.
Le nouveau disque de James Blunt «The stars beneath my feet» qu’il nous présente aujourd’hui regroupe les chansons emblématiques de ces 17 années de carrière. Des titres que l’on sait touchants, dans leurs textes et leurs accroches plus quelques inédits qu’il aura plaisir à nous faire découvrir. Il nous offre un tour de chant rodé, cohérent et qui enflera progressivement.
Seul au piano «dans ses chansons misérables» comme il dit, un «Good bye my love» déchirant ou dans le touchant «Monsters» dédié à son père mourant, il racle à l’os nos émotions, fait monter les larmes sans démagogie aucune.
Romantique avec sa tête de gendre idéal?  Larmoyant? On peut le voir comme cela si l’on n’écoute que l’incontournable «You’r beautiful» (qui fait plaisir quand même!) mais c’est un peu plus que cela. Il séduit par la sincérité de son chant, sa véhémence et son énergie. Sa révolte aussi. Rien de béat là dedans. Ses ballades sont simples certes mais intemporelles, elles relient toutes les émotions, les siennes mais aussi les nôtres dans les échecs, les douleurs ou les réussites.
Survolté, révolté, avec rage parfois et humour souvent, il se moque de lui, de nous, de nos faiblesses qu’il trouve énervantes et touchantes, d’une voix haut perchée, ample avec un voile rauque qui la rend encore plus fragile. «No bravery» «Love under pressure»  forcent l’écoute.
Il a une présence sur scène charismatique, agitée, d’un dynanisme vital et ses échanges avec le public sont empreints d’humour et de rires. Son passage dans la foule, masque à gaz sur la tête fut par exemple un moment décalé et énorme. Et lorsqu’il se perche sur le haut du piano droit pour photographier la foule, cela ferait frémir tous les loueurs d’instrument !!
«Les pieds sur terre, la tête dans les nuages : son monde implore la simplicité, autant qu’il explore la grandiloquence.» dixit son manager. 
Le quartet  qui l’entoure peut se faire pugnace, rock déchainé ou enveloppant avec des choeurs harmonisés et un accompagnement renouvellé. John Garrison basse, voix , Christopher Pemberton claviers, piano, voix , Paul Sayer guitare, voix sont d’impeccables musiciens, imaginatifs dans leurs solos et des soutiens de chaque instant. Quant à  Karl Brazil  sa batterie déchire le tempo et son plaisir d’être là est communicatif.
Le public rempli de fans et de profanes est debout et enthousiaste rapidement. Des milliers de petites étoiles téléphoniques éclaireront le chapiteau d’un moment d’une grande poésie, comme un tableau dans le noir. Et ce moment de grâce continuera à planer encore et encore….
La salle entière finira à capella sur une des chansons  et il reviendra avec ses musiciens pour deux morceaux supplémentaires. Généreux, proche, content d’être là.
James Blunt est un artiste touchant et enchanteur. Il remue en profondeur l’intimité de chacun et trouve les notes justes, le ton véhément qu’il faut pour porter son propos. Ce n’est pas si courant !!

Du miel, des ronces et des églantiers à éclore.